SAUVETAGE

Le parc des horreurs de Fuveau

Une vieille connaissance. Une récidiviste même. Et si les mauvais traitements sur les animaux dont elle avait la charge sont bien réels, c’est en fait à la faveur de loyers impayés de son habitation et du parc animalier attenant que cette femme a été expulsée du « Nouveau Monde » qu’elle gérait à Fuveau (Bouches-du-Rhône).

L’opération s’est déroulée sur deux jours les 2 et 3 juillet dernier, car plus de 700 pensionnaires, appartenant à des espèces domestiques ou sauvages devaient être pris en charge par plusieurs associations de protection, dont la Fondation Assistance aux Animaux, qui intervenait pour la quatrième fois sur ce site !

Le fait d’avoir précédemment été expulsée des Alpes Maritimes, puis de l’Aude, n’a pas découragé la patronne du Nouveau Monde de retomber dans ses erreurs habituelles. C’est donc à Fuveau qu’elle avait choisi d’installer son activité définie comme « une association ayant pour objectif de développer la connaissance et le respect de la vie animale. » Rien de moins !

Cauchemar au Nouveau Monde

En janvier, puis en mars 2013, 184 primates de 11 espèces différentes y avaient été saisis pour mauvais traitements et défaut de certificat de capacité. Détenus dans des cages à oiseaux jamais nettoyées, ils ont été dispatchés sur plusieurs pays d’Europe pour bénéficier d’une structure adaptée à leur mode de vie. En juin de la même année, c’est la Ferme pédagogique qui est vidée de ces occupant et 700 animaux pris en charge par les associations qui se partagent dans l’urgence l’hébergement décent des volailles, des moutons, des chèvres, des équidés, des bovins et des marsupiaux. Enfin en juillet, le parc animalier qu’elle avait à nouveau rempli d’animaux est de nouveau vidé suite à son expulsion. Au total 719 animaux qui détenus dans des hébergements de fortune, pour certains mal nourris, non soignés, pas identifiés, détenus sans certificat de capacité, appartenant à des espèces protégées.

Ni nourriture, ni hygiène

Trois cent cinquante d’entre eux ont été confiés aux bons soins de la Fondation Assistance aux Animaux en attendant le procès qui décidera définitivement de leur sort. Leur propriétaire crie en effet au vol et a intenté une action en justice pour qu’on lui rende les animaux…

La dernière saisie à Fuveau concerne des ratons laveurs, des écureuils volants, des canards, des chinchillas, des lapins, des poneys, des wallabies, des tortues, des grues, des lamas, des daims… Pour certains déshydratés, dénutris, blessés, ils subsistaient dans des conditions d’hygiène écœurantes.

Les sauveteurs découvrent une vingtaine de tortues subsahariennes squattant le salon de l’habitation qu’elles partageaient avec des volatiles en liberté. Le sol de l’habitation est recouvert de déjections. Il y’en a jusque sur les murs. Un taureau blessé à la joue abrite dans sa plaie béante une colonie d’asticots. Un malheureux lapin erre dans le parc les oreilles infestées de gale et les pieds réduits à quatre plaques surinfectées. Une chèvre aux sabots non parés boitille avec difficulté non loin de lui. Un faisan hébergé dans une volière immonde cherche de quoi se nourrir sur le sol couvert de fientes. Un lapereau à moitié paralysé se traine sur les pattes arrière. L’odeur est épouvantable, il n’y a aucune hygiène des locaux et des animaux, aucun soin aux malades et aux blessés. Malgré cette Berezina affichée, la propriétaire des animaux ne désarme pas : sur son site internet, elle lance un appel aux dons pour se réinstaller et se déclare « victime d’un vol en bandes organisées ».

Une cinquième intervention de la Fondation n’est donc pas à exclure …