En ce début de Printemps, les autorités d’une commune de l’Eure (27) nous alertent pour une vingtaine de lapins en péril sur un terrain vague.

La cage aux lapins
À l’origine de cette affaire, c’est la police municipale qui prend contact avec l’un de nos refuges après avoir retrouvé un chien en divagation à répétition. Nos soigneuses mettent l’animal en sécurité et glanent de précieuses informations qu’elles transmettent au service des enquêtes : la propriétaire, en situation de précarité, occuperait un terrain inoccupé sur lequel elle amasserait de nombreux lapins livrés à eux-mêmes dans de petites cagettes… Selon la police, il serait déjà trop tard pour certains d’entre eux. Vu l’urgence, l’intervention est programmée hinc et nunc.

Plastique tombal
Accompagnée par des policiers investis dans la cause animale, pour qui les lapins sont des êtres sensibles avant de symboliser de vulgaires civets, notre équipe arrive sur les lieux en début d’après-midi. La température est élevée, et l’est encore d’avantage sous les tôles de ce réduit implanté loin des regards indiscrets. Nous comprenons rapidement que les pensionnaires de cet abri de fortune « vivent » un  véritable enfer. Privés d’eau, de nourriture et de soins, entassés et prisonniers de petites caisses débordant de déjections, un tiers d’entre eux n’a pas survécu et nous ne pouvons qu’imaginer le supplice enduré par ces pauvres bêtes… Décharnés, les survivants supplient à leur manière notre assistance. Certains ont commencé à grignoter leur tombeau de plastique, pendant que d’autres, poussés par leur instinct de survie, ont probablement dû s’entretuer. Scène déchirante parmi d’autres, deux lapereaux sont découverts vivants sous le cadavre de leur maman. Tant bien que mal, nous laissons l’émotion de côté pour prendre en charge et mettre en sécurité les 28 rescapés le plus rapidement possible.

Désormais soignés et confortablement installés au sein de notre ferme pédagogique, ils gambadent paisiblement sous le regard bienveillant de notre équipe et des visiteurs.