Ils s’appellent « Esperanza », « Socchi », « Mina », « Razmoket » … Ils ont à peine quelques semaines ou près de la vingtaine. Ces animaux ont été abandonnés pour diverses raisons, maltraités ou écartés d’un élevage et vivent aujourd’hui une vie paisible au refuge Fondation Assistance aux Animaux de Bellegarde.

La plupart de ces animaux, chiens et chats notamment, ne sont ici que de passage puisqu’ils sont proposés à l’adoption. Mais avant cela, un travail de plusieurs semaines voire de plusieurs mois est réalisé par les salariés et bénévoles de l’association, une quarantaine de personnes en tout à Bellegarde, pour aider ces animaux rescapés à panser leurs plaies pour certains d’entre eux, à se sociabiliser pour d’autres.

Et c’est ainsi depuis la fin des années 1980, depuis que la Fondation Assistance aux Animaux a implanté une antenne dans le Gard. Le refuge est installé dans les anciens bâtiments de la BRL, le long de la route d’Arles, sur un terrain de cinq hectares. Un espace plus que confortable pour accueillir quelque 100 chats, 80 chiens mais aussi 45 chèvres, deux chevaux, quatre cochons, neuf oies et 25 poules. Bien sûr, ces chiffres varient en fonction des arrivées et des départs d’animaux.

La famille d’accueil doit montrer patte blanche

Des départs « un peu plus nombreux depuis la crise sanitaire« , constate Anne-Laure Ledoux, 42 ans, responsable du refuge bellegardais. Les confinements font que les gens sont plus à la maison, ils ont envie d’avoir un animal. Le télétravail, les horaires décalés dus à cette situation leur permettent de pouvoir s’en occuper et c’est une bonne chose.« 

Car n’allez pas croire que l’adoption est une formalité pour l’association. Si Anne-Laure Ledoux croit au coup de coeur, elle se refuse à confier un animal choisi sur un coup de tête. Avant d’adopter, la famille d’accueil doit montrer patte blanche. « Je leur demande s’ils ont eu un animal avant, où il était logé, dans quelles conditions. Mais aussi par quel vétérinaire il était suivi« , précise-t-elle. Sans être intrusive, la responsable du refuge veut juste connaître le pedigree des personnes pour s’assurer que la boule de poils nourrit, logée, soignée et chouchoutée par l’équipe de la fondation, ne reviendra pas à la case départ.

Parmi ses pensionnaires, Anne-Laure Ledoux nous présente Esperanza. Miguel, 26 ans, un salarié de la Fondation est au petit soin avec elle, tout autant que les autres félins qui ont investi la chatterie fraîchement rénovée et parée de bouts de bois ramassés au barrage de Vallabrègues. Esperanza est une petite chatte de type européen tigré, plus communément appelé chat de gouttière. Elle est à peine âgée de 5 mois et demi.

Esperanza a été amputée de la patte arrière droite après plusieurs tirs de plombs. (Photo : Stéphanie Marin/Objectif Gard)

Lorsqu’elle a été récupérée par l’association, elle avait à peine 3 mois et sa patte arrière droite était criblée de plombs. L’œuvre d’enfants habitant dans un mas situé entre Bellegarde et Saint-Gilles. Les blessures étaient telles qu’il a fallu amputer le membre de l’animal qui n’a désormais plus que trois pattes. « C’est une boule d’amour, les gens veulent l’adopter, mais elle est incontinente, cela est dû au traumatisme qu’elle a vécu. Alors pour le moment je préfère qu’elle reste ici« , explique Miguel.

45 chèvres dans une ferme improvisée de 100 m2

Ces animaux hébergés au refuge bellegardais arrivent de toute la France. Les cochons par exemple, deux d’entre eux viennent de la Vallée de la Vésubie où ils vivaient à l’intérieur d’une petite maison. Les 45 chèvres quant à elles ont été récupérées chez deux personnes, un frère et une soeur septuagénaires, qui avaient improvisé une ferme sur un terrain de 100 m2 à Istres. Des chiens particulièrement des molosses, viennent de Paris où ils participaient à des combats.

« Avec ces chiens-là, ça se passe bien avec les humains, par contre avec leurs congénères c’est une autre histoire« , commente Anne-Laure Ledoux qui ne désespère pas de leur trouver une famille. Et sinon, et bien ils finiront leurs vieux jours au refuse car la règle d’or en ces lieux c’est « zéro euthanasie« . Et des « papis » et des « mamies », il y en a quelques-uns. Certains chiens ont près de 20 ans. Pour faciliter leur adoption, la fondation a mis en place un contrat seniors. Le don est libre et les frais de vétérinaire – partenaire de l’association – sont pris en charge.

Socchi, un chowchow âgé de 5 ans et demi est arrivé au refuge au mois de février. (Photo : Stéphanie Marin/Objectif Gard)

Enfin, lors de notre visite, nous avons rencontré Socchi, un chowchow âgé de 5 ans et demi arrivé au refuge au mois de février accompagné de Mina, de la même race. Ce couple de chiens est issu d’un élevage. « C’est ce que l’on appelle des réformés« , indique la responsable du refuge. Lui est câlin et gourmand, elle est un peu plus sauvage mais avec un peu de patience, adoptée et adoptant sauront s’apprivoiser.

Anne-Laure Ledoux, responsable du refuge de Bellegarde. (Photo : Stéphanie Marin/ObjectifGard)