Lorsque certains te qualifiaient de « moche », nous détestions cela, même si pour toi c’était visiblement le cadet de tes soucis. Ils n’avaient simplement pas nos yeux, qui eux voyaient en toi le gros bout d’amour que tu étais. Les physiques changent lorsque l’on connaît leurs âmes et ce qu’elles valent. Quelle était belle pour nous cette bouille. Ta richesse intérieure sans équivalence nous a donné la chance d’apprendre à vivre sans préjugé sur l’apparence.


Tu as été veuf trois fois et dans la douleur de t’avoir perdu, nous nous réconfortons en sachant que tu es désormais auprès des femmes qui ont partagé et embelli ta vie ainsi que les nôtres. 

Dis-moi Marcel, est-ce toujours toi le patron maintenant qu’elles sont toutes réunies autour de toi ?

Tu savais avec qui jouer les boss n’est-ce pas ? Quand Monsieur Marcel arrivait, les autres cochons s’enfuyaient, en revanche, face à Madame Marcel, il s’effaçait. Lorsqu’il y avait des encas, ta galanterie te perdait.
Alors maintenant on imagine que ça doit filer droit !
Bourreau des cœurs, tu en as fait chavirer plus d’un, les nôtre y compris. Ton assurance, ton humour et ta tendresse ont joué en ta faveur, c’est ce qui leur a plu, tout comme à nous.
Nous nous souviendrons de toi pour toujours…

Les moments passés en ta compagnie resteront sacrés comme toi, notre cochon au caractère bien trempé.
Désormais, il ne nous reste plus que ton souvenir, celui d’un cochon qui nous aura fait rire. Bavard et pas radin de câlins comme quand tu nous racontais tes potins pendant une séance de brossage ou de soins. Il fallait bien peigner tous ces poils ébouriffés. Nous savions de quel côté tu avais dormi le matin, celui où tu avais le poil en pagaille et plein de pailles. Comme un gros bébé venant de se réveiller mais avec une haleine de pépé.


Bruyant dans ton phrasé et tes déplacements, tu le devenais beaucoup moins quand tu t’échappais de ton pré pour aller chiper les fruits du marché ! Un peu comme un éléphant au tempérament corsé qui soudain se transformait en petite souris discrète et effacée. Et le pire c’est que tu y arrivais, tu nous bernais !

L’ironie de nous faire prendre pour des jambons par un cochon. Tu étais si trognon qu’on pouvait tout te passer, continuer à rire avec toi et te garder à nos côtés pour toujours, nous l’aurions aimé…
Même les rois doivent un jour quitter ici-bas. Alors longue et belle vie à toi au paradis, entouré des reines que tu as chéries.
Même si pour l’instant rien ne peut contrer notre chagrin, imaginer ton gros bidon posé sur un nuage, ainsi nous soulage. Soit heureux et serein notre cochon, nous ne t’oublierons jamais.