Mort de Tara : quand la barbarie ne vaut qu’une simple contravention

Souvenez-vous. Il y a quelques mois, la Fondation vous partageait le destin tragique de Tara. Cette jeune Rottweiler, qui faisait le bonheur de sa famille, avait été retrouvée morte, son corps gisant dans un fossé, enveloppé dans une housse de couette, ligoté et criblé de 17 plombs. Face à l’horreur, une plainte avait été déposée et notre Fondation s’était immédiatement constituée partie civile. Le vendredi 28 novembre, le tribunal correctionnel de Bordeaux a rendu son jugement. Un verdict qui laisse un goût amer.

À la barre, le prévenu n’est pas un inconnu pour les maîtres de Tara : c’est leur voisin. Ce père de famille devait répondre de la mort de l’animal. Si pour les associations de protection animale, la brutalité de la scène ne laissait aucun doute sur la volonté délibérée de nuire — un acte de barbarie pur et simple —, la défense s’est attelée à peindre une tout autre réalité : celle de la maladresse.

« Un tragique accident »

C’est la ligne de défense maintenue tout au long de l’audience. L’avocat du prévenu a plaidé l’acte involontaire : « Si mon client avait voulu tuer la chienne, il l’aurait fait. C’est un tragique accident ». Selon le suspect, Tara était connue pour divaguer et s’en prendre aux poules de la commune. Une version contestée, mais qui a servi de toile de fond au drame.

Le jour des faits, armé d’un fusil à pigeons, l’homme assure avoir voulu effrayer l’animal. « Je n’ai jamais voulu cela », a-t-il confié aux juges, « j’ai tiré deux fois au sol. Une première fois, j’avais utilisé un bâton pour tenter de faire partir la chienne ». Un tireur sportif qui vise le sol et atteint mortellement un animal de 17 plombs ? La thèse de la maladresse interroge.

Plus troublant encore est le comportement du prévenu après le tir. Loin de chercher de l’aide, c’est lui qui enveloppera le cadavre dans une couverture avant de le jeter dans le fossé comme un vulgaire déchet. « C’est peut-être la plus grosse bêtise que j’ai faite. J’ai paniqué, je ne savais pas quoi faire. Je regrette ce geste », a-t-il tenté de justifier, en guise de repentance.

Une simple contravention

Alors que le Parquet avait requis quatre mois de prison avec sursis, le Tribunal a choisi la clémence, ou plutôt, la requalification a minima. Les demandes des associations, qui réclamaient que les faits soient reconnus comme « sévices graves et actes de cruauté » — ce qui aurait pu entraîner une interdiction de détenir un animal —, ont été rejetées.

En privilégiant la thèse de l’accident au détriment de l’intentionnalité, la justice a réduit la mort violente de Tara à une simple contravention de 3e classe. Le tireur s’en sort avec une amende de 200 euros.

Pour la Fondation, ce verdict sonne comme un nouveau signal alarmant : aux yeux de la loi, la vie de Tara, aimée par sa famille et abattue par son voisin, ne valait guère plus qu’un excès de vitesse. Une décision incompréhensible qui ne fera pas revenir Tara, et qui laisse, une fois de plus, les défenseurs des animaux face à un sentiment d’injustice profonde.