L’histoire d’Ana : un chaton martyrisé dans les Hauts-de-Seine

Certaines violences se déroulent à huis clos, ne laissant pour seul témoignage que les marques sur la peau de leurs victimes. Le dossier de Waffle, que nos équipes ont rebaptisé Ana, est un cas d’école en la matière, mêlant une prétendue série de malchances à des explications qui peinent à convaincre.

Le 29 janvier 2025, l’alerte est donnée par une clinique vétérinaire des Hautes-Seines. Un homme, Monsieur C., vient de présenter sa chatte de 10 mois, Waffle. Il aura attendu 48 heures pour le faire. 48 heures durant lesquelles l’animal, ébouillanté, souffrait de brûlures au troisième degré sur tout le ventre et la face interne des cuisses.

Son explication ? Un accident. Une casserole d’eau bouillante laissée sur le feu et une absence de « 10 minutes ». À son retour, il constate les dégâts mais ne s’inquiète pas plus que cela : « car elle ne miaulait pas… ». Ses soins se sont limités à un passage sous la douche froide et un bondage avec des serviettes.

Attention, les photos sont choquantes.

Malheureusement, le passif du mise en cause parlait déjà pour lui. Deux mois plus tôt, la même chatte avait été vue pour un pneumothorax. L’explication, là encore, était désinvolte : « oh bah elle est tombée de l’armoire ». Il avait d’ailleurs admis l’avoir punie d’une fessée la veille. Avant Ana, deux autres chatons étaient morts entre ses mains du coriza. Le hasard commençait à avoir le dos large.

Face à ce faisceau d’indices, notre service enquête est intervenu avec les forces de l’ordre. Ana a été immédiatement retirée et placée en soins intensifs. Elle s’est battue pour sa vie pendant deux semaines, s’accrochant avec une force inouïe, malgré des séquelles qu’elle portera à vie.

Placé en garde à vue, son propriétaire a nié en boucle, s’enferrant dans son récit. Mais les expertises vétérinaires ont fini par démolir la fable :

  • Les brûlures : Le rapport est formel. Leur localisation rend impossible l’hypothèse d’une casserole qui tombe.
  • Les fractures : La radiographie a révélé trois côtes cassées avec déplacement osseux. Le verdict est tout aussi net : un chat qui tombe d’un meuble en appartement ne peut se faire ce genre de fractures. Il est pour nous évident que la chatte a reçu des coups intenses.

Devant le tribunal de Nanterre, Monsieur C. a maintenu sa ligne de défense, se décrivant comme un propriétaire malchanceux et sa chatte comme « agitée« . Il a tenté de discréditer les vétérinaires, a minimisé les coups en parlant de « pichenettes » ou de « coups éducatifs, les mêmes que l’on donnerait à un enfant« .

La procureure a résumé la situation avec une ironie cinglante : « Soit Monsieur traite mal ses animaux, soit il est victime de beaucoup de malchance. J’ai du mal à croire à la deuxième théorie ».

La magistrate, elle, n’a eu aucun doute. Déclarant les éléments matériels suffisants pour prouver la culpabilité, elle a condamné Monsieur C. pour sévices graves et défaut de soins.
La peine est tombée :

  • 180 jours-amende à 15 €, soit 2 700 € (convertibles en 5 mois de prison ferme en cas de non-paiement).
  • Confiscation définitive d’Ana, et sa remise à la Fondation.
  • Interdiction définitive de détenir un animal.

Cette victoire aurait dû clore ce chapitre sordide mais Monsieur C. a fait appel. Notre travail n’est donc pas terminé.

En attendant de nouvelles informations, nous vous partageons une vidéo montrant son évolution. Elle est aujourd’hui au sein d’une famille aimante qui prend grand soin d’elle.

Aujourd’hui, Ana (Nana) va beaucoup mieux. Elle est sauvée.