Maniala : récit d’un sauvetage sur le fil
Il est des histoires que l’on garde pour soi, le temps que la justice fasse son œuvre. Aujourd’hui, nous pouvons enfin partager avec vous le combat de Murphy, anciennement Maniala, une petite chienne qui revient de l’enfer. Le 6 mai dernier, son tortionnaire a été condamné à 5 mois de prison ferme et à une interdiction définitive de posséder un animal. La garde de notre protégée nous a été définitivement confiée, lui assurant un avenir en sécurité.
Tout a commencé en octobre 2024, grâce au courage de voisins qui n’ont pu ignorer les hurlements insoutenables d’un chiot. Pendant plus d’une heure, ils ont entendu et enregistré les sons d’un passage à tabac, avant de donner l’alerte. Lorsque les forces de l’ordre ont pénétré dans l’appartement, ils ont découvert une scène d’une rare violence. La respiration du chiot était si forte et saccadée qu’ils l’ont comparée à « une soufflerie de machine », audible depuis le couloir. La petite croisée staff/dogue de 4 mois gisait au sol, amorphe, avant d’être prise de vomissements soudains. Son état était si critique que les policiers l’ont conduite eux-mêmes d’urgence à la clinique de Frégis, où la Fondation a pris le relais.


Ce sauvetage a pourtant failli tourner au cauchemar. Face aux premiers constats, son propriétaire a invoqué une banale chute dans la baignoire. Un mensonge qui a failli sceller le sort de la petite chienne. La situation était si précaire que le tribunal, trompée par ce récit, a dans un premier temps ordonné sa restitution.
Mais le corps de la petite chienne racontait une autre histoire. Intrigués par l’apparition d’un hématome massif sur sa face, l’instinct et le professionnalisme des vétérinaires les ont poussés à exiger des examens complémentaires. Un scanner a révélé la terrible réalité : il ne s’agissait nullement d’un accident, mais d’une fracture faciale causée par des coups d’une violence inouïe. C’est cet acte médical décisif qui a fait basculer le dossier, stoppant net le processus de restitution et transformant l’affaire en un dossier de sévices graves.
L’enquête a ensuite mis en lumière le calvaire enduré au quotidien par Maniala. Sale, non vaccinée, infestée de parasites, elle présentait un état léthargique suggérant une exposition régulière à la fumée de cannabis. Plus terrible encore, ses dents portaient des traces de métal, preuve muette d’un animal rongeant sa cage dans une angoisse permanente.
Aujourd’hui, celle que nous avons rebaptisée Murphy se reconstruit en sécurité dans une famille d’accueil dévouée. Mais les blessures psychologiques sont profondes. Sa famille nous a confié qu’elle est terrifiée par l’eau et qu’il est impossible de la baigner. Cette phobie donne une dimension particulièrement sinistre au mensonge initial de la « chute dans la baignoire ».


Quant à son agresseur, il n’a même pas daigné se présenter à son procès. L’histoire de Murphy nous rappelle à quel point un sauvetage tient à un fil. Il a fallu la vigilance de voisins, la perspicacité des vétérinaires et la détermination de nos équipes pour que la vérité éclate. Sans eux, une victime innocente aurait été renvoyée à son bourreau.
