Des conditions de vie abominables, des animaux sauvages entassés dans des cages de la taille d’une feuille de papier, puis sauvagement tués et dépecés pour l’argent et la « mode ». 24 procès-verbaux dressés pour des irrégularités, une dizaine de jugements non exécutés, 3 condamnations pénales, sans oublier un impact environnementale catastrophique… L’élevage de Visons d’Emagny a ces dernières années fait couler beaucoup d’encre et donné des cheveux blancs aux défenseurs des animaux.

 

Emagny : 30 ans d’exploitation au mépris des lois

 

Le vison est un petit carnivore à la fourrure épaisse, malheureusement prisée pour la fabrication de vêtements. En France, 11 fermes à visons exploitent ces animaux sauvages, dont la ferme d’Emagny. Totalement privés de liberté, les captifs sont détenus dans des petites cages grillagées desquelles ils ne sortiront que pour être tués, le plus souvent par gazage puis dépecés. Leurs pattes sont cruellement blessées, abimées par le grillage qui les entaillent. Cette prison de métal ne leur offre aucun répit ni aucun confort.

C’est loin des regard, perdu dans les champs, que s’entassent plusieurs milliers de Visons sur quelques centaines de mètres carrés seulement. Ouvert en 1985, son propriétaire s’acquitte alors pour seule formalité d’une simple déclaration à la préfecture, l’autorisant à détenir moins de 1 000 animaux. Pourtant très vite, il en exploitera plusieurs milliers en toute illégalité. Les autorités compétentes en dénombreront jusqu’à 11 000 au lieu des 1 000 autorisés !

En fait, cet élevage de la mort aurait dû être crée précisément avec une autorisation, procédure plus complexe et exigeante, dont l’éleveur a simplement décidé de s’affranchir.

 

Une administration à deux vitesses ?

 

Après 17ans après l’ouverture du site, les services vétérinaires du Doubs constatent enfin en 2002 que les installations sont irrégulières. Mais à défaut de sanction, ce simple constat n’empêchera pas l’éleveur de s’agrandir encore, toujours illégalement. 4 ans après le premier constat, les services vétérinaires le mettent (enfin !) en demeure de se régulariser, ce qu’il ne fera pas. 

 

S’en suit alors une longue (trop longue) épopée judiciaire au cours de laquelle l’éleveur sera à maintes reprises jugé et condamné, y compris à de la prison ferme. En parallèle de toutes ces procédures, (qui durent depuis plus de 16 ans !), le propriétaire continu de vivre de la souffrance et de la peau de ces animaux qu’il exploite. 

 

Difficile de ne pas évoquer un certain laxisme enfin reconnu par le tribunal Administratif qui condamnera l’Etat à deux reprises en 2009 et 2010 et qui poussera les associations de protection animale à se questionner sur la réelle volonté des autorités compétentes de faire cesser ces infractions. 

 

Enfin un tournant décisif

 

En juin 2015 et en parallèle des procédures en cours, le propriétaire de l’élevage présente une demande d’agrandissement et de régularisation afin d’atteindre un plafond horriblement concentrationnaire de 18200 Animaux. C’est à cette demande que le CODERS, comité consultatif, vient d’émettre il y’a quelques jours un avis défavorable. Si le Préfet du Doubs suit l’avis du CODERS, alors la fermeture de l’établissement pourrait enfin être prononcée. Une première victoire qui, espérons-le, pourrait en initier d’autres…