Que faire quand on trouve un bébé oiseau, hérisson ? les bons gestes

Chaque printemps, les centres de soins pour la faune sauvage sont submergés par l’afflux de jeunes animaux, oiseaux et mammifères. Particulièrement vulnérables, ils sont relativement à l’abri tant qu’ils demeurent dans le cocon familial. Ils connaissent ensuite une première période délicate quand ils sortent avec leurs parents qui pourtant les surveillent. Les parents sont attentifs mais leur attention a des limites et si un petit se perd, il sera recherché pendant quelque temps puis abandonné car il faut s’occuper en priorité de tous les autres.

Enfin, vient le moment de tous les dangers, le moment de l’émancipation. Le jeune part à l’aventure. L’expérience acquise par le jeune est alors cruciale pour échapper au danger les premiers jours et pour trouver sa nourriture. Tous les jeunes ne sont pas aussi doués les uns que les autres et c’est pendant cette période que beaucoup succombent. Raison de plus pour donner un petit coup de pouce à tous ces juvéniles que nous allons trouver en difficulté ce printemps. Leur donner une seconde chance, en somme. Mais attention à ne pas tous les ramasser… Pour les aider, on vous donne les bons gestes à adopter en cas de trouvaille inopinée.

Les jeunes oiseaux

Photo d'oisillon de martinet

Martinet – Crédit photo Céline Grisot

Il est impératif de faire la différence entre le jeune en danger et celui qui ne l’est pas.

Le premier ne sait pas encore voler, son plumage est incomplet, il ne couvre pas complètement le corps et les grandes plumes des ailes et de la queue sont courtes. Il est trouvé au sol, bouge peu. Il est manifestement tombé du nid, le plus souvent sans se faire mal. L’idéal est de retrouver le nid et de l’y remettre le plus vite possible car il est très sensible au froid et à la privation de nourriture. Si le nid n’est pas trouvé ou qu’il est hors d’atteinte, la seule solution est de le mettre au chaud, à 25 – 30°C, mais pas tout près d’une source de chaleur sous peine de le voir mourir par déshydratation.

Quand le petit commence à se remettre, à bouger, il faut lui proposer quelques gouttes d’eau qu’on dépose à la pointe du bec, une à une. Il boira s’il en a envie, il ne faut pas le forcer. Tous les jeunes des petites espèces sont insectivores, même quand les parents sont granivores. S’il faut garder le petit un jour ou deux avant de l’emmener dans un centre de soins, des petits vers de farine ou de la pâtée humidifiée pour oiseaux insectivores feront l’affaire. Là encore, ne pas forcer : le petit doit ouvrir le bec de lui-même et on se contente d’y déposer un peu de nourriture à chaque demande. Pour un jeune corvidé, de la pâtée pour chat conviendra bien, toujours à sa demande.

Par opposition, le jeune qui n’est pas en danger est celui qui est sortie du nid de lui-même, qui volète, même très maladroitement, et que les parents nourrissent hors du nid. On ne voit pas forcément les parents qui peuvent être effrayés par notre présence ou qui s’occupent d’autres jeunes à quelque distance. La seule raison pour laquelle un tel jeune peut être capturé est le danger immédiat et évident : un chat, une route, par exemple. Il suffit alors de déplacer le jeune vers une zone de tranquillité. Les parents le retrouveront.

Il est une espèce qu’il est important de citer à part car beaucoup de jeunes sont apportés en centres de soins alors que c’est inutile : la chouette hulotte. Vers un mois, les jeunes sortent du nid et se perchent sur les branches basses, voire sont au sol, alors qu’ils sont encore en duvet, les plumes des ailes émergeant tout juste. Les parents ne sont jamais loin et vont les nourrir encore pendant quelques semaines. Donc, sauf danger évident, on ne touche pas !

Les jeunes mammifères

Photo de bébé hérisson

Hérisson Crédit photo Céline Grisot

Photo de bébé écureuils

Écureuils – Crédit photo Béatrice Vavasseur

Les jeunes qui sont les plus fréquemment apportés en centre de soins sont les jeunes hérissons. Ils sont parfois très jeunes et encore aveugles, par exemple quand le nid a été détruit. Souvent, ils ont entre un et deux mois, les plus jeunes se sont alors égarés lors des sorties avec la mère ou ils sont partis à l’aventure pour se nourrir car leur mère est morte, les plus âgés sont sevrés depuis deux ou trois semaines et commencent à vivre leur vie solitaire. Chez le hérisson, espèce nocturne, tout animal trouvé en plein jour doit être considéré comme en détresse. C’est encore plus vrai pour les jeunes. La capture réalisée, le jeune est mis dans un carton, au tiède et au calme, de l’eau lui est proposée à l’entrée de la bouche et il doit l’avaler de lui-même. L’urgence est ensuite de l’emmener dans un centre de soins car l’élevage des plus petits est extrêmement délicat et les plus grands sont souvent malades d’infection ou de parasitisme.

Les jeunes écureuils et les jeunes carnivores, le plus souvent des renardeaux ou des fouineaux, présentent une situation un peu différente. Les très jeunes individus sont généralement victimes d’un événement catastrophique tel que chute du nid ou destruction de la tanière. Par contre, contrairement aux hérissons, les animaux plus âgés, sevrés, même trouvés seuls, devront être le plus souvent laissé sur place car ces jeunes s’aventurent volontiers hors de l’abri familial ou auront pu s’égarer lors d’une sortie avec la mère, sans conséquence toutefois car la mère les retrouvera facilement car elle n’est jamais bien loin. Le seul cas où l’un de ces jeunes peut être capturé, c’est quand sa situation de détresse est évidente : blessure, maigreur, pelage en très mauvais état. Capturer un renardeau ou un fouineau à mauvais escient lui est très préjudiciable car il va énormément apprendre de sa mère pendant les 5 ou 6 mois où il restera avec elle.
Là encore, l’élevage des jeunes est affaire de spécialistes. Passé l’examen médical indispensable à l’entrée en centre de soins, l’élevage est compliqué car il faut une nourriture appropriée et un logement adapté mais, plus encore, car il faut éviter de rendre ces jeunes familier avec l’humain et au contraire leur apprendre à connaître leur espèce. Pour cela, ils doivent être élevés à plusieurs. Enfin, avant d’être relâchés, ils seront élevés dans de vastes enclos où ils feront connaissance avec le milieu extérieur.

Photo de renardeau

Renardeau – Crédit photo Céline Grisot

Photo de fouineau

Fouineau – Crédit photo Céline Grisot

S’il ne fallait citer que deux espèces pour lesquelles la grande majorité des jeunes amenés en centre de soins auraient dû être laissés sur place, ce sont le chevreuil et le lièvre.

Dans ces deux espèces, pendant les toutes premières semaines, les jeunes ont pour seule défense leur immobilité, leur pelage mimétique, leur faible odeur et leur solitude! En effet, pour ne pas attirer l’attention d’éventuels prédateurs sur eux, les mères restent à l’écart et ne viennent que pour des tétées rapides. Chez le lièvre, le petit ne tête que quelques minutes, une fois par jour !
Si l’un de ces jeunes a été malencontreusement recueilli, il faut impérativement le remettre à l’endroit de la découverte dans les 24h. Passé ce délai, il ne reste plus qu’à l’amener dans un centre de soins.

Porter secours à un jeune animal en détresse est une bonne action car on lui donne une chance de poursuivre le cours de sa vie. Mais secourir en ignorant tout de la biologie des espèces sauvages peut aussi faire beaucoup de mal. Avant toute chose, en présence d’un jeune seul et en apparence abandonné, il faut se demander s’il est réellement en détresse d’après ce qu’on connait de l’espèce. Si c’est le cas, il doit être dirigé très vite vers un centre de soins car soigner et élever ce jeune ne s’improvise pas… sans oublier que le garder chez soi est interdit par la loi.

Par Jean-François COURREAU
Président de l’association Faune Alfort
www.faune-alfort.org

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